Vie d'une famille paysanne sur une île de Loire
Nous reprendrons le témoignage de Bernard Pageau, né sur l'Île Neuve en 1927, pour saisir ce que pouvait être la vie d'une famille paysanne sur une île de Loire.
Les grands-parents DUPONT se sont installés sur l’Île Neuve vers 1904. Ils étaient fermiers non propriétaires. Les terres étaient louées à la famille JOUY de la Varennes. L’autre partie de l’île appartenait à la famille Maupassant. Jean PAGEAU (né en 1895) se maria avec Anne (née en 1905) l’une des filles DUPONT, et récupèrent la ferme en 1926. 3 enfants naquirent de leur union. Bernard est né en 1927 sur l’île et y a vécu jusqu’en 1950.
Les terres
Sur les 27 hectares, 7 étaient occupés par l’osier.
1 hectare était réservé à la culture : betteraves, pommes de terre, choux, vigne, asperge. Le reste était des prés avec de nombreux frênes.
Pour le ramassage du foin, on faisait appel aux femmes et aux hommes des alentours. Il y avait assez peu de labour. Il n’y avait pas de culture de chanvre, tabac, lin ou blé. La terre sablonneuse, était facile à travailler et se prêtait bien à la culture de l’asperge. Sur ces terres, on ne trouvait qu’un seul chêne.
L’électricité
« Nous n’avions pas l’électricité. Mon père a voulu installé une éolienne en 1949, mais ça n’a pas marché. Cela faisait trop de bruit. On s’éclairait au pétrole dans la maison et au carbure dans l’étable. »
Les rythmes saisonniers
« L’hiver, avant les crues, il fallait couper l’osier à la serpe, émonder les frênes à la hache pour faire des fagots et du bois de chauffage. Au moment des crues, on se rabattait sur la vigne à tailler aux villages de Launay, de la Robinière et des côteaux.
A partir de juin, il fallait compter 3 semaines pour les foins. Une fois coupés, il fallait les laisser sécher. Pour le ramassage, les voisins venaient aider (on pouvait être une dizaine). La veille, on plaçait un filet dans la boire pour nourrir toutes ces bouches. Le foin était stocké dans la grange sur un magnifique plancher suffisamment haut pour que les crues ne l’endommagent pas. Tout le foin récolté était conservé pour l’exploitation et donné aux bêtes. »
L’escalier
« A l’époque, il n’ y avait pas d’auvent, ni de rampe. La dernière marche aurait été ajoutée. En haut, on s’y lavait les mains, par commodité, surtout si l’on était 4 ou 5. Une perche permettait d’y faire égoutter la vaisselle.
Sous l’escalier se tenaient les oies (jusqu’à une vingtaine). Ma mère faisait des édredons avec les plumes,et les offrait en cadeau de noces. Après la porte qui mène au four, contre le mur se trouvaient les lapins. Puis c’était le poulailler. »
Le four à pain
« A droite du four, il y avait une meule. Derrière la séparation, les betteraves étaient entassées.
Le pain, on le faisait une fois par semaine, et il n’était pas plus dur au bout de 8 jours ! Ma mère faisait le levain la veille, et tous les lundi matin je me levais de bonne heure pour pétrir. La pâte était placée dans des récipients en paille et en ronce, puis mis dans le lit pour que la pâte lève. Mon père allumait le four. Il fallait 7 à 8 fagots. Après une crue, il fallait brûler beaucoup plus de bois pour assécher le four. Dans le four, il y avait une pierre témoin appelée « le moine » qui permettait de juger de la température ».